DOSSIER 2 / LES MATIERES PREMIERES

Doc 1 : Réserves mondiales d’énergie primaire en 2003  Doc 2 : Consommation mondiale d’énergie

En Mds de tep*

Pétrole

Gaz

Charbon

Amérique du Nord 

7,5

6,6

130,1

Amérique Latine 

13,0

6,5

10,5

Afrique 

12,7

10,9

34,2

Europe 

4,0

5,3

61,0

Extrême-Orient et Océanie 

5,1

11,3

159,0

ex-URSS 

6,9

50,8

114,0

Moyen-Orient 

90,8

51,5

1,1

Total monde 

140,0

143,0

509,8

* Tonne-équivalent-pétrole

Source : Observatoire de l'énergie- DIREM

Document 3 : Des facteurs de production (très) rares

Certaines ressources naturelles sont en quantité importante, au moins localement ou bien se renouvellent rapidement sans intervention humaine. Elles ne nécessitent pas une gestion particulière, c'est le cas de l'eau de mer, de la lumière du soleil. D'autres ressources naturelles sont irréversiblement extraites, telles le minerai ou bien ont une vitesse de renouvellement très lente, ce qui complique leur gestion. Lorsque cette gestion est en propriété privée des inefficacités peuvent apparaître.

De nombreuses ressources naturelles sont exploitées de façon privative. C'est le cas général des ressources minérales, des forêts privées, des sols utilisés pour l'agriculture, de nombreuses sources d'eau, des réserves ou territoires de chasse privés. Ces ressources peuvent ne pas être à une seule personne, mais à une communauté réduite qui la gère collectivement.

La caractéristique principale de ces ressources c'est l'impossibilité de les régénérer artificiellement. Elles peuvent être strictement non renouvelables, c'est le cas du minerai ou de caractéristiques de certains sols, ou se renouveler lentement sans qu'il soit possible d'accélérer leur renouvellement (c'est le cas des stocks halieutiques, des forêts ou d'autres types de sols).

Source : Marie-France JARRET Politique de régulation et développement local,

UNIVERSITE DU MAINE, Faculté de Droit et de Sciences économiques

Document 4 : Des facteurs de production gaspillés

Un producteur disposant de ces ressources devrait être capable de les gérer de façon convenable en prenant en compte leur épuisabilité. Dans la pratique ce n'est pas forcément le cas :

- Les agents peuvent valoriser le présent de façon excessive et utiliser leur ressource trop intensivement. En économie on parle de préférence pour le présent. Si elle est très élevée, l'agent va vouloir du revenu immédiatement. La préférence pour le présent, peut être artificiellement importante si l'agent dispose de revenus si faibles qu'utiliser sa ressource est une question de survie.

- L'information sur l'irréversibilité des actions ou la vitesse de renouvellement des ressources peut ne pas être disponible. C'est en particulier le cas pour les sols ou pour les énergies fossiles pour lesquelles les gisements sont connus par exploration.

- L'État peut intervenir en subventionnant certaines activités qui requièrent des ressources naturelles. Par exemple il est fréquent que l'État subventionne l'agriculture, favorise la surproduction ce qui a pour conséquence un usage trop intensif des sols. C'était le cas avec la politique agricole commune fondée sur des prix garantis élevés servant à soutenir le revenu des agriculteurs.

Au niveau de la demande il est également possible qu'il y ait des inefficacités du même type que celles que l'on vient de décrire au niveau de l'offre, et qui conduisent à une surconsommation des biens produits à partir de ressources non renouvelables. (…) Par exemple les habitants des États-Unis utilisent beaucoup plus d'énergie que les Européens pour des usages identiques en raison d'une inefficacité importante (de l'isolation des maisons, des engins à moteurs).

Source : Marie-France JARRET Politique de régulation et développement local,

UNIVERSITE DU MAINE, Faculté de Droit et de Sciences économiques

Document 5 : La tragédie des biens communs

Un bien commun est un bien qui satisfait au principe de non-exclusion. Cela signifie qu’il n’est pas possible d’exclure un agent de la jouissance d’un bien. La pollution de la mer Noire est un exemple de cette défaillance car on ne peut pas interdire son accès aux pollueurs qui la bordent.

Dans le cas d'un bien commun qui se régénère lentement le problème de l'épuisement de la ressource se pose avec acuité. C'est ce que l'on appelle « la tragédie des biens communs » (G. Harding). Par exemple si l'abattage du bois dans une forêt est en accès libre un agent ne va prendre en compte que le coût de l'abattage et pas celui de la régénération de la forêt. Ceci va avoir pour conséquence que l'agent va accepter un prix relativement faible pour le bois puisqu'il sous-estime les coûts, que l'offre de bois va être trop importante, baissant encore les prix et que la forêt va être surexploitée, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus productive. En conséquence, la communauté des agents qui pouvaient abattre les arbres a tout perdu. Nous sommes dans le cas d'un bien non excludable, mais rival ou en tout cas soumis à encombrement, épuisable.

On pourrait multiplier les exemples : qualité de l’air, surexploitation des pêches dans les eaux internationales, l’éleveur qui fait paître son bétail dans un champ commun aux autres villageois, autant de situations où un individu ne considère que ses coûts par rapport à son bénéfice privé, avec l’hypothèse que son action n’a pas de conséquences sur les ressources globales.

                                                                          Source : M.F. Jarret, Ibid.

·         Document 6 : Le cours des matières premières

Document 7 : La Chine dévore les matières premières.

Dans ce pays au territoire immense, peuplé de 1,3 md d’habitants, tout prend des proportions vertigineuses. Que la Chine lance un programme d’infrastructures autoroutières et ce sont « plus de 500 000 kilomètres de routes nouvelles et 20 000 kilomètres d’autoroutes, soit le double du réseau autoroutier français, qui se construisent entre 1997 et 2002 », rappelle E. Hache. On imagine les quantités de béton et de glissières de sécurité en aluminium nécessaires…

Et tout est à l’avenant : pour se moderniser, le pays se couvre de voies ferrées, de centrales électriques, thermiques et bientôt nucléaires, d’oléoducs, de gazoducs, etc. On comprend que la consommation de métaux progresse de 20 % par an. A cela s’ajoute le boom de l’immobilier (le bâtiment est lui aussi un très gros consommateur de matières) et la diffusion des standards de consommation occidentaux auprès de la classe moyenne urbaine : réfrigérateur, téléviseur et voiture débarquent massivement dans les foyers chinois. L’industrie automobile chinoise est ainsi devenue une des premières du monde (désormais la quatrième, devant la France). Entre 2002 et 2003, la production de voitures particulières a doublé, passant de 1 à 2 milliards de véhicules. Or, chacune de ces voitures absorbe environ 700 kg d’acier, 12 kg de matières plastiques, 5 kg de caoutchouc et divers autres métaux non ferreux : du plomb dans les batteries, du cuivre dans les circuits électriques, etc.

 « Ses importations de pétrole ont doublé en deux ans et ses importations de minerai de fer ont triplé en quatre ans », rappelle Philippe Chalmin, directeur du Cyclope. La flambée du prix des matières premières a agi comme un révélateur du rôle de la Chine pour les pays occidentaux. Ils découvrent aujourd’hui, ahuris, que ce pays est devenu le premier consommateur de minerai de fer, de zinc, de cuivre, de charbon, mais aussi de blé, de soja, de coton, de caoutchouc ; et le deuxième consommateur d’aluminium, de plomb, de pétrole…

La Chine a beau être aussi un très gros producteur de produits de base, cela ne suffit pas. Elle est ainsi devenue le premier producteur mondial d’acier, avec une production passée de 120 à 270 millions de tonnes en cinq ans. Ce qui ne l’empêche pas de devoir encore en importer. Pour un nombre croissant de produits, ses besoins excèdent déjà ses capacités de production, qui ne sont pas indéfiniment extensibles. Et ce n’est qu’un début. Sa dépendance alimentaire, notamment, devrait très fortement augmenter à l’avenir.

Source : Alternatives économiques, n°236, mai 2005